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Biodiversité

Eoliennes et oiseaux : la nécessaire conciliation

Les éoliennes peuvent avoir un impact majeur sur certaines espèces d'oiseaux, mais des solutions existent. © Adobestock.

Le développement de l’éolien en France se fera-t-il au détriment de la biodiversité ? Les dispositifs qui fournissent ce type de source énergétique sont en effet porteurs de potentiels impacts délétères pour certaines espèces. Des solutions existent et la Fondation 30 Millions d’Amis rappelle qu’il est nécessaire de les mettre systématiquement en œuvre pour concilier la lutte contre le réchauffement climatique à la protection de la biodiversité.

Faucons crécerellettes, noctules communes, martinet noir, buse cendrée… Chaque année, des individus appartenant à ces espèces sont tués par des éoliennes. Le nombre de spécimens concernés, s’il n’est pas forcément alarmant en l’état (même s’il reste difficile à évaluer exhaustivement), interroge quant aux conséquences d’une perspective de développement accru de la filière. Or, il apparaît indispensable pour atteindre les objectifs d’émission de gazs à effets de serre que la France s’est fixée, et plus largement pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Même en imaginant une baisse significative de la consommation d’énergie, il est impossible de se passer d’une augmentation drastique des énergies renouvelables (EnR) dans le mix énergétique national. Parmi celles-ci, l’éolien est en plein essor et son extension est un objectif affiché du gouvernement. Mais il fait l’objet de débats de plus en plus vifs autour de ses impacts environnementaux, en particulier sur l’avifaune.

Des espèces en difficulté particulièrement touchées

Soit que leur construction entraîne une désertion de leur habitat par des espèces sauvages, soit que, durant l’exploitation leurs pales tuent des spécimens par collision directe ou par modification brutale de la pression de l’air alors qu’un oiseau ou une chauve-souris passait à proximité, les éoliennes ont des impacts potentiels qu’il convient de ne pas négliger. S’il n’y a pas de chiffres exhaustifs de la mortalité aviaire qu’elles causent, la LPO a publié, en 2017, une étude approfondie des « suivis de mortalité » (recherche au sol de signes attestant de la mort d’un individu) effectués entre 1997 et 2015.

Il en ressort que « l’estimation de la mortalité réelle (prenant notamment en compte la durée de persistance des cadavres et le taux de détection) varie selon les parcs de 0,3 à 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an » (sur un total de 1065 éoliennes concernées, sur les 6000 que comptait la France en 2015). Les chiffres peuvent paraître abstraitement assez faibles, mais il faut avoir à l’esprit que 75 % des morts recensées concernaient des espèces protégées, dont les effectifs sont parfois très faibles : une dizaine d’individus tués par an peuvent avoir un impact significatif sur la survie d'une population locale.

Des solutions existent et sont connues

Fort heureusement, la contradiction entre impératifs liés à la protection de la biodiversité et ceux liés à la lutte contre le dérèglement climatique n’est, dans le cas de l’éolien, pas insurmontable. Joint par 30millionsdamis.fr, Geoffroy Marx, responsable de programme énergies renouvelables et biodiversité à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), rassure sur ce point : « Si on prend l’éolien, qui est la source d’énergie sur laquelle on a effectué le suivi le plus important: son développement est a priori compatible avec la protection de l’avifaune. »

Ce qui ne signifie pas que le problème n’existe pas, mais qu’il est possible de le résoudre, en identifiant les moments et les aspects les plus critiques en s’efforçant de rendre les éoliennes aussi peu tueuses d’animaux que possible. Ce que confirme Geoffroy Marx : « Ce qui va rendre un projet problématique ou non, ce sont les enjeux présents sur le site où le projet est envisagé ». Autrement dit, le choix du lieu d’exploitation est essentiel du point de vue de la biodiversité: « Si on crée un parc dans une zone Natura 2000, par exemple, il y a aura une mortalité plus importante, qui concernera des espèces plus vulnérables ».

Pour la LPO, il faut donc à tout prix éviter ces zones, comme les parcs naturels marins (pour l'éolien en mer) ou encore les zones de reproduction. A ces conditions initiales, peuvent être ajoutés un certain nombre de dispositifs techniques pour concilier la présence d’éoliennes avec celle des oiseaux : effarouchements (peu efficaces à long terme) ; arrêt des pales via des capteurs, ou à des horaires définis, dispositifs « flottants » pour l’éolien en mer (au large, non fixés sur le fond marin)… L’addition de toutes les mesures permet d’envisager un développement de l’éolien respectueux de la vie sauvage.

Une conciliation indispensable

Comme le souligne Geoffroy Marx, il n’y a pas le choix : « Le mix énergétique français actuel [composé à 60% d’énergies fossiles NDLR] a de très forts impacts globaux sur la biodiversité. » Il n’est donc pas envisageable de ne pas développer les EnR, et ce y compris du point de vue de la biodiversité : le réchauffement climatique a des conséquences infiniment plus graves sur les écosystèmes et donc sur la faune sauvage. Il faudra que les projets portant sur d’autres sources d’énergies renouvelables (notamment le photovoltaïque) s’inspirent des heurs et malheurs de l’éolien. Pour ces mêmes raisons et en parallèle, il faudra aussi que la consommation d’énergie diminue à terme : c’est la fameuse sobriété tant prônée ces dernières semaines.