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Biodiversité

Bonne nouvelle : la perruche à collier ne concurrencerait pas les espèces autochtones !

D'après une étude scientifique publiée en 2020, la perruche à collier ne constitue pas un danger pour les espèces d'oiseaux indigènes. ©Adobestock - jérôme caffin

En 50 ans, la perruche à collier a envahi les capitales européennes – y compris Paris – faisant craindre un impact sur la faune autochtone. Fort heureusement, aujourd’hui aucune répercussion négative n’est à déplorer. Un constat rendu possible grâce aux données recueillies par le réseau d’observation citoyenne BirdLab. La Fondation 30 Millions d’Amis invite tout un chacun à participer à cette initiative salutaire.

Chute des températures, raréfaction des aliments naturels… En cette période hivernale, les oiseaux font face à une diminution des sources d’alimentation qui deviennent un véritable enjeu de compétition entre individus, mais aussi entre espèces elles-mêmes. A cet égard, la présence d’oiseaux exotiques comme les perruches à collier, pourrait constituer une concurrence d’autant plus rude, susceptible de modifier l’équilibre de la biodiversité et de fragiliser les espèces locales.

Que l’on se rassure ! Cet oiseau, qui doit son nom au collier noir bordé de rose qu’arbore le mâle dès 3 ans,  ne concurrencerait en réalité que de façon très relative les espèces indigènes dans leur accès aux ressources alimentaires. Un constat révélé en mai 2020 par des scientifiques, eux-mêmes aidés des citoyens ayant participé au programme annuel « BirdLab » (Université Paris-Saclay, MNHN, AgroParisTech et CNRS, Science of The Total Environment).

Une compétitivité très relative avec les espèces locales

 

La perruche à collier n'a pas d'effet plus impactant sur les espèces de passereaux que les pies.

 E. Orban - LPO Ile-de-France

« D'après les recherches effectuées par le Muséum National d'Histoire Naturelle, la perruche à collier n'a pour le moment pas d'effet plus impactant sur les espèces de passereaux que les pies ou les autres espèces du même gabarit, rassure Emma Orban de la Ligue pour la Protection des Oiseaux d’Ile-de-France, contactée par 30millionsdamis.fr. La perruche à collier n'est pas à l'origine d'une concurrence mettant en danger les populations d’oiseaux d’espèces indigènes ». « Elle est donc une pie comme les autres, ni plus ni moins ! », plaisantent les chercheurs. Du reste, dans les autres métropoles européennes, « il semblerait qu’hormis la Sittelle torchepot, les autres espèces d’oiseaux cavicoles ne soient pas plus impactées qu’avant l’arrivée de Perruches à collier en ville », ajoute Xavier Japiot, expert en Biodiversité à la mairie de Paris.

De quoi contrer les discours alarmistes énoncés lorsque ces oiseaux originaires d’Afrique et d’Asie furent involontairement introduits en France, dans les années 1970. C’est en zone de transit, dans les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy, que des perruches ont réussi à s’échapper de leurs cages. Il aura suffi d’un mâle et d’une femelle pour perpétuer l’espèce jusqu’à la capitale et ses alentours, des Buttes Chaumont (19ème arrondissement) au parc de Versailles (Yvelines), en passant par la forêt de Montmorency (Val-d’Oise) ! Cinq décennies plus tard, les données recueillies témoignent ainsi d’une « nécessaire prise de recul sur les espèces exotiques qui font maintenant partie des milieux les plus anthropisés », assurent les experts. « Il est même assez difficile de trouver des espèces avec lesquelles la cohabitation se passe mal », ajoute Grégoire Loïs, chargé de mission pour l’Agence Régionale de la Biodiversité, joint par 30millionsdamis.fr. Par exemple, le Faisan de Colchide originaire d’Asie – et introduit en Europe 1300 ans avant Jésus-Christ ! – s’est très bien naturalisé. C’est également le cas du Rossignol du Japon, originaire du Sud de l’Asie et aujourd’hui présent le long du gave de Pau (Pyrénées-Atlantiques) et en Ile-de-France.

Une étude scientifique fondée sur une observation citoyenne

Pour parvenir à ce constat, les scientifiques se sont fondés sur les observations faites pendant deux hivers grâce aux mangeoires installées par les participants au concept « BirdLab ». Depuis 2014, chacun peut effectivement participer à ce « jeu » collaboratif et scientifique pour aider à l’étude des comportements de différentes espèces face aux ressources alimentaires.

Chaque volontaire doit disposer dans son jardin ou dans un parc, entre novembre et mars, deux mangeoires identiques, puis noter, dans une application mobile, les déplacements des oiseaux qui viennent se nourrir. Fort de son succès en mars 2020, le programme évolue cette année grâce au lancement d’un site dédié. Cet hiver 2020, chacun est donc de nouveau invité à observer les oiseaux pour contribuer à la recherche scientifique ! « Les "birdlabers" sont eux-mêmes des apprentis scientifiques et les premiers observateurs des oiseaux, se réjouit sur 30millionsdamis.fr François Chiron, maître de conférences en écologie à l'Université Paris-Saclay. Ils nous communiquent souvent leurs impressions et leurs observations dans les commentaires, autant d’idées pour nos futures recherches (prédation aux mangeoires, cas de nouvelles espèces hivernantes, etc…) »

Des recherches à approfondir pour évaluer les effets plus globaux de l’espèce

Reste à savoir si l’oiseau au bec magenta pourrait concurrencer d’autres espèces cavicoles – écureuils, étourneaux sansonnets, pigeons colombins, chouette hulottes… – qui occupent, comme lui, des cavités dans les arbres pour nicher et s'abriter contre les prédateurs. « Apte à nicher très précocement (dès janvier), la perruche à collier occupe alors de nombreuses cavités d’arbres en amont des autres espèces », constate X. Japiot. « Mais les quelques cas de délogement - entre écureuils et perruche  - vont dans les deux sens, à l'instar de ce qui se passe avec d’autres mammifères en ville (rats, fouine), tempère F. Chiron. Et si la perruche a un effet dans l’absolu sur les autres espèces (et comme beaucoup d’autres espèces locales), ces effets sont certainement faibles au regard d’autres menaces »... Des menaces toutes liées aux activités humaines : destruction des milieux, changement climatique, pollutions lumineuse et chimique.

 

Notre étude suggère la nécessaire prise de recul sur les espèces exotiques qui font maintenant partie des milieux anthropisés.

MNHN

Pour autant, « Des études sur plusieurs années sont essentielles afin d’évaluer les effets écologiques plus globaux de cette espèce sur son environnement, préviennent les scientifiques. Au fil des hivers, BirdLab permettra de mesurer l’évolution de ces interactions dans le temps et l’adaptation des communautés locales à ces nouvelles espèces ». En attendant d'en savoir plus, « nous conseillons déjà de ne pas alimenter les perruches, afin de ne pas favoriser leur expansion », préconise E. Orban.

En revanche, la Fondation 30 Millions d’Amis recommande aux particuliers d’aider les autres oiseaux à s’abreuver, se nourrir et se réfugier, tout au long de l’hiver. Des abreuvoirs et mangeoires – remplies de graines – peuvent être placés en hauteur et au sol dans des buissons, tandis que des nichoirs peuvent être fixés sur un arbre ou sur la façade d’une maison.